mercredi, juin 01, 2005

En direct Live, mon 60ème post ! (truc de ouf)

Voici ma plus courte nouvelle. 800 mots et des poils, je ferai jamais moins je crois...
Deux nouvelles (écrites le même jour) voilà ce qu'on appelle une période prolifique (oui Luc, en tant que ton nègre, je m'occupe de ton autobio aussi... et de ton Troll Ben oui... et de vos avatars, Laëty et julien, oui... Et du dossier prévu pour la semaine dernière patron, ok... comment ça je suis viré ?)

Pour ceux qui ne savent pas comment m'insulter à la lecture de ma nouvelle, un cadeau en lien planqué...

En attendant :


En direct Live



Tout avait plutôt bien commencé.
Les journaux l’annonçaient depuis quelques semaines, les radios s’y étaient mises aussi. On ne pouvais pas y échapper.
Un château. Dix post-adolescents. Cent douze caméras. Vous connaissez le concept.
Excepté le fait que, cette fois-ci, les règles étaient autrement plus strictes. Aucune interaction avec le monde extérieur, si ce n’est avec la voix du présentateur vedette, et le nombre restreint de techniciens autorisés à entrer dans la demeure. Interdiction formelle de quitter l’aventure de son plein gré, les téléspectateurs étant seuls juges de qui méritait un temps d’antenne. Le tout était méticuleusement contrôlé par un huissier de justice. Le public en avait assez de ces mascarades scénarisées à l’avance. Ici, on leur offrait de la vraie télé-réalité.
La première fit un assez bon chiffre à l’audimat, malgré la lassitude générale qu’occasionnait ce genre d’émission. En première semaine, une des candidates (la « Bimbo de service », d’après certains magazines) fut désignée pour rejoindre le monde réel.
Puis, le lendemain, cela arriva. Tout s’enchaîna rapidement.
Les premières images du jardin devinrent tristement célèbres. Toutes les télés les diffuseraient en boucle dans les jours à venir. Là, au milieu du jacuzzi, gisait le corps d’un des jeunes candidats. Son cadavre inanimé flottait et tournoyait au gré des bulles.
Ce fut une véritable panique. La caméra n’avait rien vu, cela s’était déroulé pendant la nuit. Vraisemblablement un horrible accident. La police n’étant pas habilitée à enquêter sur les lieux, les joueurs, sous le choc, furent interrogés un à un au confessionnal. Ils dormaient, ne savaient rien. Deux filles en pleurs demandaient à rentrer chez elles. Impossible, répondait le présentateur, consterné. Les règles étaient formelles. On intimait à tous les candidats de garder leur clame. Il ne s’agissait que d’un regrettable accident. Le jeune homme avait du s’assommer sur une des parois de la piscine, et voilà tout.
Les jours qui suivirent devinrent un cauchemar télévisé. La semaine suivante, le corps d’une des adolescentes fut retrouvé poignardé, dans la cuisine. La caméra avait été déconnectée. Plus de doute possible, un meurtrier se cachait parmi eux. Les techniciens autorisés à entrer dans le château furent emmenés au commissariat.
Sur la plateau en duplex, le présentateur, qui semblait avoir pris dix ans de plus, tentait comme il le pouvait de rassurer les parents invités. La « Bimbo » sortie au premier tour était harcelée par les journalistes.
L’audience était excellente.
Les participants enfermés suppliaient tous les jours le public de voter pour eux, afin de quitter cet endroit maudit. Un d’entre eux, qui semblait le moins désigné à commettre de tels actes, fut choisi. A peine eut-il franchi les portes du château, soulagé, qu’une voiture de police l’embarqua à son bord.
Les colocataires restant étaient tous méfiants. Le meurtrier venait-il de les quitter ?
D’un commun accord, ils décidèrent de se débarrasser de tout objet dangereux. Tant pis pour les ustensiles de cuisine, ils trouveraient bien un moyen de se nourrir.
Tous dormaient seuls dans des endroits opposés de la bâtisse. Aussi furent-ils surpris et horrifiés de voir que leur morbide expérience continuait. Deux jours après le dernier vote, un candidat fut retrouvé étranglé au deuxième étage.
Ç’en était trop. Le parents des victimes de ce cluedo géant firent une pétition et poursuivirent la chaîne en justice, intimant l’ordre d’arrêter l’émission. Le présentateur était confus. On lisait sur son visage les cernes de la fatigue et de la peur. Il ne pouvait rien pour eux, la loi était indiscutable.
Les spectateurs continuèrent à voter. Les candidats demandaient tous à être sauvés, et les forces de l’ordre publiaient chaque semaine un bulletin sur lequel était mentionné le nom du principal suspect qu’elles voulaient voir sortir.
Mais les meurtres continuèrent. Tant et si bien que, associés aux départs par votes, il ne resta bientôt plus que deux jeunes participants à l’antenne. Un garçon et une fille. Un des deux était forcément le coupable.
La nuit même, des millions de personnes virent que la majorité des caméras furent brouillés. Au petit matin, les finalistes baignaient dans une mare de sang. Ils s’étaient entretués.
Ainsi prenait fin ce jeu macabre.
L’audimat avait battu tous les records.




« Vous avez tous bien compris ? demanda le présentateur. »
La scène se passait dans les coulisses d’un des studios de la chaîne. Cette fois-ci il n’y avait aucune caméra.
« Les déclarés morts, vous prenez l’avion pour l’Amérique centrale. A l’aéroport, on vous donnera vos nouvelles cartes d’identité. Personne ne doit vous voir. Ne contactez ni votre famille, ni vos amis.
Les « vivants », vous resterez au pays un an ou deux. Ecrivez des bouquins, faites-en des téléfilms... La production s’en fiche, tant qu’elle y est associée.
Vous avez tous bien bossé. Tenez.»
Les dix candidats prirent leur chèques et partirent dans des directions opposées